Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ROUMARE AUJOURD'HUI
20 décembre 2018

NOEL AU DJEBEL FILLAOSSENE

Curieusement a l'approche de fêtes marquantes, nous faisons une rétrospectives de celles passées; Ainsi en ce jour du 22 décembre 2018, je me souviens de celui passé en 1961 en Algérie. A cette époque, l'escadron se remettait des opérations à la frontière avec le Maroc ou nous avions du batailler avec une bande de fellagas fortement armés. Il est 23 heures et le deux tons de la caserne résonne lugubrement pour nous rassembler autour de nos véhicules GMC et blindés. Il fait froid car nous sommes à 1500 métres d'altitude. Il n'est par rare d'avoir de la neige. On nous apprend que nous allons rejoindre une opération de ratissage dans le massif du Fillaosenne au sud du port de Nemours; Le poste de Sidi el habib a été attaqué par une forte unité de l'ordre d'une katiba. Il y a eu des morts. Nous allons donc dégager ce poste et retrouverce groupe de rebelles. Nous roulons sans éclairage avec comme seul repére les yeux de chat des véhicules afin de ne pas alerter la population de notre transport sur place. Dans les blindés on se couvre comme on peut et les passe montagnes sont de rigueur. Au petit matin nous sommes positionnés dans le lit asséché de l'oued Maisser; Nous commençons notre traque en nous dirigeant vers les hauteurs du massif. Rocaille et arbousiers voilà le décor. Une journée sans contact. Nous passons notre première nuit à la belle étoile. Au petit matin nous reprenons notre traque. A notre gauche la légion progresse au meme rythme. Le 2 rima fait la jonction avec les blindés qui progressent sur la piste. Encore une journée pour rien. Nous sommes le 24 décembre. Dans la matinée nous sommes presque sur les hauteurs du massif. Les premiers coups de feu partent vers les légionnaire. On nous demande de mettre le foulard rouge au bras droit afin d'étre identifié par l'hélico qui survole la progression. Les tirs s'intensifient et nous sommes maintenant dans la ligne de mire des tireurs embusques sur les hauteurs. Les T6 arrivent à la rescousse et envoient un bon paquet de roquettes sur la crête. Comme je n'ai plus de contact avec le lieutenant, je décide d'utiliser mon Mas 36/51 et j'envoie une dizaine de grenades sur le surplomb. Petit à petit les tirs deviennent de plus en plus sporadiques. J'entends des cris et je vois cinq fells les bras en l'air. Ils crient vouloir se rendre. J'alerte le lieutenant et nous prenons en charge ces prisonnier. Au passage je me fais engueuler pour avoir utilisé mon  lance patate sans ordre. Parmi les prisonniers j'en vois un qui me parait bien jeune. Comme il a soif je lui tends mon bidon. Son visage est émacié par les efforts qu'il a du consentir pour suivre son unité. Comme il me restait de la patte de fruit de ma boite de ration, je lui donne bien volontiers. Il me dit, merci et précise c'est pour noel? Je n'avais pas fait le rapprochement et je savais tout comme lui que cette friandise resterait comme l'unique cadeau qu'il recevra pour la suite de son parcours vers le camp de Tiaret. Un Noël pas comme les autres, deux camps qui s'affrontent pour un pays qui est revendiqué par les deux parties. Au retour, j'ai songé à ce jeune et il doit se souvenir lui aussi qu'au delà des enjeux militaires, il y a toujours une place pour la compassion.

Publicité
Publicité
Commentaires
ROUMARE AUJOURD'HUI
  • Evolution de la Commune sur le plan des mentalités, de la structure,de la compétence des décideurs,des perspectives d'avenir, des liens inter-génération,de la jeunesse, de la politique fiscale,de la sécurité, des associations,etc..
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité