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ROUMARE AUJOURD'HUI
4 mars 2019

LA NUIT SOUS LES LUCIOLES

Encore une nuit dans le djebel, une nuit très froide puisque le thermomètre affiche moins 8 degré. Pour maintenir nos véhicules en état de marche, nous sommes contraints de les faire tourner de temps à autres afin d'éviter le gel des radiateurs. La vigie auprès des pièces de 50 et de 30 millimètres n'est pas chose aisée. Le froids nous paralyse les mains au contact de l'acier.  Heureusement, fort de mon expérience passée, j'avais pris dans mon paquetage de terrain, une paire de moufles en peau de mouton. Le pouce étant dégagé, je pouvais tirer sans difficulté. Par contre nos passe -montagnes offraient peu de résistance au vent glacial. Le décors ainsi posé, nous étions fasse à un massif boisé prés de Sidi Medjahed. Depuis trois jours nous poursuivions une katiba forte de 120 guss depuis la frontière marocaine. Nous étions dans la phase de l'hallali, car le bouclage du massif n'offrait peu de facilité pour que ces fells puissent sortir de la nasse. Par mesure de prudence nous avions établis nos zones de tirs et délimité le champ d'action des mitrailleuses. A notre gauche, nous étions épaulés par une compagnie du RIMA. Mise à part les hurlements des chacals, la nuit était en apparence calme. Cependant nous redoutions un passage en force des fells. Derrière nous nous avions une batterie de 105 et qui par intervalles de 20 minutes projetait en l'air des fusées éclairantes, les lucioles. Cela avait pour effet de donner un cachet irréel à ce djebel. Une lumière blafarde donnait aux arbres et aux buissons des allures de décors. On y voyait comme en plein jour. Entre chaque salves le paysage redevenait sombre indéfinissable. Les fells avaient compris la cadence de tir des 105, et ils avaient progressé vers nos lignes. Mais contre toute attente, leur progression ont gêné un chacal qui est parti dans notre direction en créant un mouvement dans les buissons. Immédiatement les tirs nourris en direction des buissons  en fait reculer les fells Malgré l'envoi de fusées éclairantes nous n'apercevions pas la tentative de franchissement. Après cette alerte le calme est revenu. Au petit matin nous sommes allés voir la zone de pénétration et nous avons constaté des traces de sang. Cette alerte a eu le mérite de confirmer la présence des fells dans ce massif. Rapidement le bouclage s'est mis en mouvement pour resserrer la zone et lors des premiers engagements, les T6 sont entrés en action avec leur habituel efficacité. Quelques prisonniers, quelques blessés mais surtout beaucoup de morts. Le combat était inégal, nous avions la supériorité numérique et l'appui aérien. Le seul avantage des fells la connaissance du terrain, quoiqu'au bout de deux ans de crapahut nous avions nous aussi appréhender cette terre aride et rude. La nuit sous les lucioles est un souvenir comme les autres mais pour ceux qui devaient se terrer à chaque éclatement des fusées  cela devait etre particulièrement stressant. Retour à la base, crasseux, fatigués, les yeux rougis par les interminables nuits d'éveil. Nous étions jeunes et la récupération physique rapide. Encore une opé à mettre au compteur.

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