LE VIEUX GENDARME

Cette histoire que je vais vous narrer n'est pas une simple anecdote, non; cette histoire est révélatrice de l'état sociale de notre société ou l'ancien n'a plus sa place. Une époque ou le culte des anciens est passé de mode ;est une époque qui perd ses références, ces repères. Nous en sommes là aujourd'hui et pour vous en témoigner cette réalité, je vais vous compter  ce qui est arrivé à cet ancien gendarme. Il faut d'abord que vous sachiez ce que c'est que de servir toute sa vie durant, au service des autres. Cet ancien à beaucoup donné de sa personne pour le pays, il a servi en Algérie, au moyen orient  en métropole. Six jours de travail effectif sans compter les heures, car être militaire ce n'est pas étre un fonctionnaire comme les autres. Le gendarme de son époque fait passer le service avant tout autre chose. La famille doit se plier à cette exigence de disponibilité, qu'importe le temps, qu'importe les heures, les autres citoyens attendant d'eux une entière disponibilité.  Donc notre ancien, blanchi sous le harnois, quitte son domicile pour rejoindre la boulangerie du village, comme à l'accoutume dirions nous. Chemin faisant, il est étonné par une présence inacoutumière de gendarme dans le centre bourg. Le carrefour ou il a l'habitude de franchir la route fait l'objet de toute l'attention d'un régulateur de trafic. Manifestement se dit-il il y a eu quelque chose de grave. Poliment, il demande au gendarme de faction: Que se passe-t-il Monsieur le Gendarme? Avec condescendance, ce jeune gendarme répond à notre ancien; C'est la Saint genevière de la compagnie Monsieur. La Sainte Geneviève ici dans notre Commune? Et oui, nous vous faisons les honneurs de cette célébration. Interloqué, notre ancien demande au jeune gendarme;"Les anciens gendarmes du village sont-ils conviés à partager cette célébration? Surpris par cette question, le jeune gendarme répond assez sèchement:"Mais il n'y a pas d'anciens gendarmes ici." Complètement abasourdi par cette réponse, notre ancien s'éloigne et comprend ce qu'il s'avait déjà; les anciens, ils dérangent, les anciens sont comme des pièces de musée, ils sont dans les placards. Pourtant, de son temps, la Sainte Geneviève était l'occasion pour tous; les gendarmes de réunir, d'échanger, d'honorer les morts/ Difficile de ne pas avoir de l'amertune devant cette insouciance, alors que la Gendarmerie il y a peu faisait coeur avec ses aînés. Pourquoi maintenant cette attitude me dit-il? Manifestement cette histoire a bouleversé son univers d'ancien. Célébrer cette sainte patronne, dans sa commune, sans qu'il soit convié à participer, reconnaissez que c'est un peu dure à avaler. Tristement il se tourne vers et me dit "Voyez vous, de mon temps, il y avait deux armes qui témoignaient leur fidélité aux anciens, la Légion Étrangère et la Gendarmerie. Aujourd'hui, il n'y plus que la Légion Étrangère qui s'attache à suivre ces aînés. Triste époque!  Et pourtant, que de savoir faire perdu à ne pas écouter les anciens. Avant de se quitter, il me dit;"Voyez-vous, de mon temps, un gendarme c'etait avant tout autre chose un bon père de famille, dans les commune, il faisait partie de ceux vers qui on se tournait lorsque la situation l'éxigeait. Un bon sermon valait mieux qu'une procédure. Le gendarme était le premier juge sur le terrain. Aujourd'hui, combien de fois les gendarmes se sont arrêtes chez-vous pour vous témoigner leur amitié, leur proximité: Ne répondez pas, je connais d'avance la réponse., Cette anecdote, correspond bien à la situation. Les gendarmes ont perdu cette proximité, ils sont devenus des fonctionnaires comme les autres, se souciant comme du guigne de leurs aînés. Ainsi va notre société.  Me tournant le dos après m'avoir salué, il s'en alla avec son pain dans la main, la tète haute car des gens de cette trempe ne baissent pas l'échine, il ont droit au respect, le respect de tous pour leur sacrifice au service du pays.