LETTRE AU PETIT CHARLES

Je n'aurai certes pas le temps de tout te dire, tout ce que tu es en droit de savoir, sur ta famille, tes origines Tu viens d'arriver dans ce monde qui n'est déjà plus le mien. Nous les arrières grands parents, nous sommes du siècle dernier et notre histoire tu dois le savoir car elle sera la tienne. Toi tu es né dans un environnement aseptisé, ta naissance suivie comme le lait sur le feu, tes premières réactions auscultées comme des révélateurs de ta bonne lignée. Tout est fait pour te garantir un début de vie le plus agréable que possible. Tu es couvé des yeux, tes pleurs affolent tout le monde, tes moindre attentes exaucées. A notre époque il en était autrement. Les naissances se faisaient au domicile des personnes et bien souvent dans chaque village il y avait l'accoucheuse. Quand les choses ne se passaient pas normalement, le docteur intervenait mais souvent bien trop tard. Les maman mortes en couche étaient nombreuses. La mortalité enfantine était importante, seul les plus costauds résistés. Aujourd'hui il en est autrement, nous forçons dame nature, et il arrive malheureusement que nous ayons à le regretter. De là à conclure que la notion de vitalité était le corollaire de longévité, il n'y a pas de doute. Dans ton couffin, bien au chaud, tu vas progresser dans cet univers ou tout est planifié. De notre temps c'était autrement. Les nouveaux nés, emmaillotes comme des saucissons passaient leur journée dans une corbeille en attendant la tétée. Pour toi c'est différent, on te parle, on te caresse, on prend en compte déjà tes réactions. C'est merveilleux de voir comment tu vas évoluer dans cet amour familial. Mais, tout cet univers aseptisé n'est-il pas néfaste à la fortification de ta nature? Pour nous, les anciens, nous étions confrontés aux maladies infantiles. Malgré les vaccinations, les épidémies venaient faire le tri dans les foyers. Cette prise en compte des risques, enlève aussi au corps les possibilités de réactions. Tu auras une enfance heureuse, bercé par tes proches et gâte comme jamais. Tu sauras jouer de tes caprices pour obtenir le jouet désiré, et puis un jour tu seras blasé de tout comme malheureusement beaucoup d'enfants. Alors tu te réfugieras dans le monde virtuel avec ton PC. Pour tes arrières grands parents, la vie était tout autre. Nous avions l'affection parentales  mais certes pas aussi démonstrative qu'aujourd'hui. Il y avait de la pudeur à montré son amour. La vie qui nous attendait était rude il fallait nous préparer mentalement. Pour soigner tes petits bobos, la pharmacie familiale aura réponse à tout, pour nous c'etait les remèdes de grand mère. (Tisanes, cataplasmes, pommade,etc..) L'hopital était vraiment l'ultime recours et il n'était  jamais bon d'y aller. La vie pour les enfants de notre époque, était proche de la nature. Les aires de jeux, la campagne, la ferme, le ruisseau. Les parents n'avaient pas le temps de s'occuper de nous, nous progressions physiquement en observant, en copiant, en lutant.Etions nous malheureux? Certes non, nous avions la chance d'avoir cette liberté, cette faculté de nous adapter et de faire notre expérience. Te dire que tout était idyllique, cela serait mentir. Nous n'avions pas comme tu auras, les tenues vestimentaires adéquates aux intempéries. Culotte courte été comme hiver, pèlerine pour la pluie, est aux pieds les caloches. Notre chance, c'est d'avoir des instituteurs à la hauteur de leur missions. Tu vois, encore aujourd'hui, j'ai un profond respect à celui qui a fait ce que je suis.J'aurais encore beaucoup de choses à te dire avant que celà s'efface de ma mémoire. Je te raconterais nos jeux, nos travaux pratiques, nos participations aux travaux domestiques etc. Mais en tout cas, je suis fier d'avoir cette descendance et je reste persuadé que tu prendras en compte nos principes de vie, notre attachement à l'esprit de famille, notre amour pour nos proches. Cette chaîne de solidarité, tu devras l'entretenir car sans elle tu n'existeras plus.