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ROUMARE AUJOURD'HUI
28 mai 2020

DECONFINEMENT EN 1944

Si j'évoque cette période c'est quelle me fait penser à celle que nous vivons ces derniers jours.En été 1944, j'étais bien jeune mais je garde en mémoire cette époque comme un tournant dans mon existence. Pour vous situer l'ambiance mon père était gendarme à DUCLAIR, non loin de ROUEN et la brigade était implantée le long de la seine à l'entrée du village. La vie n'était pas simple, nous manquions de tout malgré l'instinct de débrouillardise des parents. Nous avions un bout de jardin au dessus de la falaise et ses produits nous permettaient de nous alimenter. Notre zone de jeux, les bords de seine, l'eau m'a toujours attirée. A proximité de la brigade, un poste d'allemands pour gérer l'occupation du pays. Comme mon père haïssait ces boches, tout naturellement j'avais la même haine et en les insultant je recevais une correction pour la forme afin de calmer les remontrances de ces occupants. Dès le mois de juin , les gendarmes décident de protéger les familles et ils installent dans les caves les dortoirs. Nous couchions sur des matelas au dessus des barriques de cidre.Devant la porte d'accés à cette cave, des stères de bois pour bloquer les éventuels éclats des bombes. Pour corser le tout, les gendarmes avait fait cause commune en créant une popote. Entre les bombardements nous nous retrouvions au bord de la seine pour jouer entre copains. Au-dessus des falaises, les allemands avaient installé de la DCA, cible préférée des mosquitos anglais. En août 1944, les bombardements s'intensifiaient et ils visaient expressément le bac et tous les moyens de navigation. Tous les ponts de ROUEN avaient été détruits et il ne restait plus que ces bacs pour le franchissement du fleuve. Avec le débarquement de Normande, nous avons commencé à voir les troupes allemandes refluaient vers la Picardie. Tous les moyens de franchissement étaient employés. On voyait bien dans le regard de ces hommes la panique et la peur. J'ai vu même des allemands traversaient la seine à la nage, ou dans des moyens de fortune comme des baignoires. Ils faisaient traverser aussi leurs chevaux. De temps à autre, les avions anglais mitraillés le fleuve avec délectation. Les cadavres des hommes et des bêtes flottaient à la surface et avec la chaleur, ils gonflaient. Pas question de récupérer les corps car les allemands interdisaient aux français d'aller sur la seine. C'est franchissements étaient pour nous les gamins une source de rigolade. Nous n'avions aucune compassion pour ces hommes. Les franchissements se sont intensifier pour devenir une véritable débandade. Chaque jour il y avait son lot de morts par les passages répétés des avions. La nuit nous entendions les vociférations des nazis afin de mettre de l'ordre dans cette armée en déconfiture. Mon père qui appartenait au réseau FFI de Duclair sortait pour rejoindre le groupe de résistants. J'ai su qu'ils vaient sauvé la vie à des aviateurs anglais non loin du bois de la Fontaine. Puis un matin, plus un bruit, un calme angoisant. Hébétés nous sommes sortis de nos caves et nous avons vu sur les quais les soldats canadiens. Une explosion de joie dans le village, tout le monde était là pour voir ces hommes qui venaient de nous sortir de ce cauchemard. Ces canadiens ils parlaient français et évidemment notre zone de jeux se trouvait dans leur campement. J'ai maché ma premiére pate et je ne sais pas s'il fallait l'avaler. Nous avons été gatés par ses soldats et j'ai eu aussi du chocolat vitaminé. Inutile de vous dire que nous étions plutôt excités. Devant la gendarmerie, les FFI s'étaient regroupés afin d'apporter un peu d'ordre dans ces mouvements. Un jeune FFI qui tenait une mitraillette STEN s'est tué devant moi par maladresse. Des habitants très remontés, trainaient une femme à qui ils avaient coupé les cheveux. Genres de manifestation peu glorieuses qui ne sont que des exutoires à ces années de souffrance. La guerre est finie pour nous, nous sortons du confinement et nous allons reprendre nos logements avec satisfaction.Quelle époque? Alors vous pensez bien que le confiement de nos jours est pour moi une vaste rigolade en comparaison à celui que nous avons vécu en 1944.

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