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ROUMARE AUJOURD'HUI
19 mars 2019

LES DESERTEURS

Peu de temps après l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962, les accords d'Evian, prévoyaient une période de transitions afin de rapatrier les forces militaires vers la France. La base de Mers el kébir, située près d'Oran servait de zone de repli tant sur le plan humain que matériels. Cette enclave s'étendait de la sortie d'Oran ouest vers la mer sur une distance d'une vingtaine de kilomètres. L'anarchie provoquée par ces mouvements de troupe a contraint le commandement a créé une prévôté aux armées et bien entendu j'étais du lot car je venais de passer avec succès mon brevet d'armes. Nous étions donc une trentaine de gendarmes, équipés de moyens très rustiques, et logés au fort de la marine au lieu dit "La fosse aux ours" Pourquoi ce nom, je l'ignore mais en ce qui concerne le confort nous avions connu mieux. Notre mission consistait a surveiller la circulation dans la zone franche et de vérifier l'identité des civils entrant sur notre territoire en compagnie des fells. Oui, vous avez bien entendu, la veille on se tiraient dessus et maintenant nous étions contrains de travailler avec eux. Inutile de vous préciser l'ambiance des deux cotés, mais la mission passe avant toute notre haine à l'égard de ces ennemis. Pour être identifié à coup sur, nous avions un brassard bleu avec la lettre P. Nous avions repris le képi tout en étant en kaki. Pour nous commander nous avions un officier et quelques gradés. Nous étions répartis en brigade et chacune avait une zone à surveiller. Avec mon équipe, nous avions hérité de la ligne de crête entre la chapelle de Santa Cruz et la zone forestière bordant le camp de la légion. Par atavisme nous avions rapidement sympathisé avec la légion et leur cantine nous servait d'ordinaire. Un matin, aux aurores, nous étions embusques prés de la chapelle. Il s'agissait de tirer les lapins qui pullulaient dans cette zone afin d'améliorer la cantine. Nos coups de feu, font sortir deux guss des fourrés. Il s'agit de deux européens. Nous procédons à une fouille systématique et nous essayons d'avoir leur identité. Impossible de dialoguer avec eux. Dans le doute, nous les ramenons à la base. Là, l'un d'eux nous dit qu'ils sont des touristes allemands et qu'ils ont laissé leur pièce d'identité dans un hôtel dans la zone de la caravelle à ORAN. Le gradé de permanence me donne l'ordre d'aller avec les guss vérifier ces dires. Mais,j'ai un doute, aussi sans en parler au gradé je fais garder l'un d'eux au poste en attendant mon retour avec le deuxième. Ce dernier nous balade dans le quartier de la caravelle et m'indique soudainement un hotel. Je descends de la jeep avec lui et je constate que nous sommes précisément devant un cantonnement fell. Le guss se met à courir vers l'entrée du campement je le poursuis. Il entre dans le campement et immédiatement cinq ou six fells m'entoure, l'arme bien en vue. Mon brassard prévoté me sauve la mise et l'un de leurs responsables vient vers moi et me dit que ce guss est l'un des leurs. Je lui explique que ce type a essayé de rejoindre notre zone ce matin. Il me fait signe de repartir et fissa comme ils disent. Je ne demande pas mon reste et je repars vers notre base la rage au coeur. Mon chauffeur me dit "Ben on a eu chaud". Arrivés à la base, je fais comprendre aux deuxième guss que je sais qu'il y est. Mon gradé commence à ameuter la hierarchie de l'incident. Moi de mon coté je préviens un adjudant du camp de la légion et je lui demande de rappliquer dare dare à la base.  Quand ce dernier arrive, je le mets devant notre guss. Un coup de poing en pleine figure pour commencer le dialogue, une fouille à corps très poussé, et dans son slip ,des papiers d'identité. Bon, pas d'histoires entre nous, tu le prends en compte car c'est un déserteur et qui de plus a servi chez les fells. Avec un large sourire, j'ai compris que notre guss allait passer un trés mauvais quart d'heure au camp de la légion. Entre temps mon gradé revient et il me dit de conduire le type à l'tat major dans le fort. Mais constatant son absence, je lui, dis que nous l'avions identifié et remis à son unité. Complètement incrédule, il m'engueule de mon initiative mais bien content de se voir débarrasse de toute une procédure. Bon, comme vous le voyez il y a des jours ou l'on peut remercier la baraka car sans mon brassard de prévoté, je ne donnais pas chère de ma peau dans ces temps très agités. Quand au guss qui nous a échappait à Oran, compte tenu de sa volonté de revenir en France, il a du lui aussi passer un tré trés mauvais quart d'heure. 

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