PONT REAN LE DEBUT

Avant que mes souvenirs s'effacent de ma mémoire et que le cerveau fonctionne encore sans trop de trous, je veux revenir, là ou ma vie d'adulte à commencé "Pont Rean". A la sortie de l'école primaire dans les campagnes, nous n'avions peu de choix pour orienter sa vie. Il n'était pas question d'accéder aux études supérieures dans la mesure ou il fallait être en internat. Comme ma famille n'avait peu de moyens, les orientations professionnelles se résumaient à la culture, les métiers du bâtiment, l'élevage ou la mécanique. A 14 ans difficile de définir une activité qui va être celle de toute une vie. Pour ma part je ne désirais qu'une seule chose 'VOYAGER" à l'instar de mon maître à penser Henry de Monfred. Comme mon père devait rejoindre le chef lieu de l'arrondissement, en attendant ce déménagement, j'ai été placé dans une ferme comme apprenti mécanicien. Il s'agissait d'une entreprise de battage et j'avais comme maître d'apprentisage un vieux mécanicien qui m'a enseigné l'art de la récupération. Rien ne se perd, tout se transforme, c'était son leitmotiv. En parallèle, je suivais des cours par correspondance. Cette ferme située sur le plateau de Saint André de l'Eure, était distante d'une vingtaine de kilomètres et tous les jours, sauf le dimanche, c'est à vélo que je rejoignais mon lieu de travail. Après un séjour de deux ans en collège technique, pour une formation d'ajusteur, je décidais de mettre un terme à ce milieu et avec une dispense de mes parents j'ai pu m'engager pour cinq années dans la marine. De Paris à Rennes nous avons voyagé dans de vieux wagons, les troisièmes classe 'banquette en bois'. Nous étions plus d'une centaine de jeunes rejoignant notre centre de formation. A notre arrivée à Rennes, un comité d'accueil musclé, nous attendait. Rapidement on nous nous a embarqué dans des camions, direction PONT REAN. Là, on nous a parqués dans une zone d'isolement au doux nom de TIVOLI Un camp dans un camp, ou nous étions dans des baraquements de plus de 100 personnes avec comme confort des lits superposés à tois étages Et oui celà existait. Dans ce camp nous sommes passés de l'ere civile à celui du matricule. C'est ce dernier qui fait office de nom. Vous aviez donc intérêt dès le début à le mémoriser.Puis vient la visite médicale, les tests psychotechniques, le salon de coiffure, et les séances de piqûres. Je me souviens de l'opération car j'en garde un souvenir douloureux. Même si à mon époque nous n'étions pas douillet, il faut reconnaitre que ces séances de piqûres avaient de quoi nous faire flipper. Nous passions par cinq, assis sur un banc,torse nu. L'apprentis infirmier vous badigeonnait le dos avec de l'alcool, puis venait l'autre apprentis avec une seringue contenant cinq doses. Malheur au premier car il était très difficile d'évaluer la dose. Résultat malade comme des chiens pendant deux jours, et nourris avec de la soupe. Nous somme passés ensuite au débourrage. Matelotage, marche au pas, maniement du fusil, tir, crapahut,et pour finir en beauté, la rame sur la Vilaine; Là nous étions une quinzaine de gus, dans de grosses barcasses, et il fallait souquer ferme pour les faire avancer; De temps à autres,nos gradés prenaient la lubie de faire une régate. Là  nous étions comme les forças à ramer comme des bétes pour remporter l'ultime gâterie, l'omelette au rhum.Au bout de deux mois de ce régime nous étions devenu endurant, obéissant , dépersonnalisés. La famille était déjà bien loin de nos préoccupations. J'ai appris à me débrouiller seul, à me défendre, et à gérer ma propre existence. Imaginéz ma joie lorsque j'ai perçu ma première solde! A l'issue des deux mois, on nous a accordé une journée de repos que nous avons passée à Rennes. Je me suis payé le restaurant, le luxe. Quant-à ma prime d'engagement j'ai demandé qu'elle soit envoyé à mes parents pour solde de tout compte. Cela leur a permis d'acheter leur première voiture. Pont Rean à bien était mon départ de la vie d'adulte. Reconnaissez que demandez ce même parcours à nos jeunes de maintenant, celà parait impensable. Dans ce parcours je ne dis pas tout, car on aurait du mal à le croire et pourtant nous l'avons fait.