LE HARKI

Si j'aborde cette problématique de notre passage en Algérie, c'est que ces hommes n'ont pas eu un retour mérité de leur engagement à nos cotés. Dans notre escadron, nous avions une cellule opérationelle pour sécuriser les abords de la ville. Elle était constituée principalement de gendarmes issus du cru et renforcés par des supplétifs. Ces harkis servaient la France à nos cotés avec un idéal pour leur pays,"rester dans le giron de la France". Ils avaient pour tache d'effectuer des patrouilles et mener des embuscades contre les égorgeurs du FLN; Nous avions confiance en ces hommes car leur collaboration à la lutte armée contre les fells, les rendait indésirables pour le futur de l'Algérie. De temps à autre, je participais à cette chasse dans les environs de Tlemcen et j'ai côtoyé ces harkis; L'un d'eux, plus âgé que les autres, avait servi dans la coloniale et s'était battu en indochine. Je me souviens qu'il habitait près de la caserne, a proximité du mur d'enceinte; De ma fenètre je plongeais chez lui et je voyais se dérouler une vie normale. Pourquoi s'est-il engagé avec nous? D'abord pour recevoir une paie décente et aussi par respect à la France. Un jour que nous marchions de concert, il me dit"Tu vois cette arme que je porte, jamais je ne la dirigerais vers des français" Je suis resté interloqué par ce qu'il disait  et c'est quelques temps après que j'aie compris son message. En effet vers le mois de février, il a été considéré comme déserteur, après avoir pris le maquis avec son arme de service. Sur le moment j'étais comme tous les autres gendarmes , furieux de cette trahison. Nous l'avons recherche en vain, lui et sa famille. Après coup, n'avait-il pas raison de mettre à l'abri sa famille après notre départ? Je ne sais pas le sort qui lui a été réservé par le FLN, mais compte-tenu de son attitude à niotre égard, je doute de leur clémence. A t-il négocié avec eux pour sauvegarder sa famille? Autant de questions qui seront sans réponse. Lorsque nous sommes rentrés en France, combien de harkis ont-ils été abandonnés à leur triste sort? Avons nous été digne dans l'accueil de ceux que nous avons ramenés avec nous? Le ressentiment de leurs enfants à notre égard n'est-il pas justifié? Je sais personnellement que les décideurs de l'époque n'ont pas été à la hauteur de l'engagement moral à l'égard des harkis. Le souvenir de ces hommes hante bien des consciences. Ils avaient cru aux belles paroles de politiciens et ils ont ete les premières victimes lors de l'indépendance de l'Algérie.