Le vieux joseph est mort
Je me souviens de ce jour ou le vieux joseph est décédé. Nous étions en mai et dans les champs tout le monde s'activait pour la fenaison. Partout autour du village les rateaux faneurs retournaient l'herbe coupée afin de la faire sécher avant de l'engranger dans la grange ou dans les greniers pour l;hiver prochain. Les hommes et les femmes fourche en main s'activaient avant la pluie. Vers midi, les choches du village sonnent leur douze coups et tout le monde s'arréte car après c'est l'angelus. Trois séries de trois coups pour la sainte trinité et une volée pour marquer la gloire de la chretienté. Les chevaux sont détélés et on commence a rejoindre les corps de ferme. Soudain les cloches retentissent à nouveau, le glas. Tout le monde s'arréte car ces sonneries annoncent la mort d'un des notres. Certains sonneurs pouvaient moduler le glas de telle facon que l'on savait s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Là en l'occurence nous savions qu'il s'agissait d'un homme. Tout le monde s'interrogeait "Qui est mort" C'est le facteur qui colporte la nouvelle (C'est le vieux Joseph) Le vieux josph, une figure pour le village, un homme d'un autre temps qui marchait qu'avec des sabots de bois qu'ils faisaient lui meme, un homme qui avait fait la grande guerre, qui avait survécu à la bataille de Verdun. On le voyait le dimanche matin venir à pied du mont roti ou il avait sa chaumière, son sac en bandouillère et sa cane en bois sculpté souvenir de son temps dans les tranchées. Nous les gamins on le regardait avec crainte car il souriait peu. Son allure martiale, sa moustache à la gauloise et ses yeux d'un bleu délavé nous impretionnaient. Je le revois encore aller se recueillir sur la tombe de sa chère Louise sa femme puis après quelques emplettes il allait sur la terrasse du cafe et commandait une chopine de blanc qu'il partageait avec le maire ou le curé. Dans toute les familles il était de tradition de faire, une veillée avant le jour de l'inhumation. Les femmes se concertaient pour accompagner cette veillée funéraire en confectionnant quelques gateaux ou autres pour les visiteurs. Le vieux joseph a été déposé sur son lit, il est revetu de son vieux costume de velours noir. Au chaque coin du lit on a mis des cierges. Les femmes se relaient pour dire le chapelet pour l'ame du défunt. Dans le village on entend le menuisiers qui travaille au cercueil. Tout comme sa femme il sera dans les planches de chéne arbre coupé lors de la naissance de leur fille Henriette car il était de coutume que le jour de la naissance d'une fille on coupe un chené afin de doter la jeune fille d'une armoire construite dans ce bois. Toute la nuit les familles du village sont venues se recueillir sur devant la dépouille du vieux Joseph. On a échangé les souvenirs avec le vieux et force des canons de vin, le verbe était haut et tout ce brouhaha devait faire plaisir à l'ame du défunt. Le ledemain matin, le curé accompagné des enfants de choeur est venu chercher la dépouille pour le conduire à l'église. On a mis le cercueil sur le fourgon mortuaire de la commune et tout le village en procession descend du mont roti vers le parvis de l'glise. Les cloches sonnent le glas. A l'issue de la messe on met en terre le vieux Joseph à coté de son épouse. Tout le monde se retrouve au café pour l'ultime pot d'adieu. Oui je me souviens de ces cérémonies qui ponstuent la vie du village et renforce l'appartenance à une collectivité, a une terre, à un terroir à une manière de vivre. De nos jours il n'y a plus ce respect du aux morts. Les cérémonies manquent de chaleur humaine de cohésion, l'indifférence est le maitre mot. On vient à l'église par convenance mais qu'en est-il du devoir de mémoire, de respect du défunt? Le vieux Joseph est parti avec les honneurs dus au travail effectué et à son image de vieux soldat qu'il était. Oui je me souviens de lui. _