LA FAMILLE

Le sentiment de la famille entre dans une pathologie de la vie sociale et de la vie morale. Les sentiments et émotions qui s'expriment à l'occasion de la vie de famille sont parmi les plus intenses de la vie psychologique. Dans la vie de famille, le prochain est si proche qu'il est obsédant. Bien sûr il y a des conflits classiques, l'incompatibilité de caractères, conflits politiques, passions exclusives détournant l'un des conjoints de la vie du ménage, etc... aboutissant à la guerre froide ou à des batailles familiales. Le sentiment de famille est alors un centre de diffusion et l'exaspération, voire de haine, qui est destructrice de la personne de chacun, même à son insu. Du point de vue des enfants, le sentiment de la famille dépend de l'atmosphère affective de la famille que l'enfant perçoit. Nous savons tous l'importance des années de l'enfance pour forger une personnalité et l'action de la famille est impliquée au premier chef dans le problème de l'éducation morale.Quel ressenti pouvons-nous avoir sur l'esprit de famille?

D'abord le sentiment du nous. La fierté que nous avons lorsque quelqu'un de notre famille signale sa valeur, ou le sentiment de honte que nous éprouvons sur la révélation de l'indignité de l'un des nôtres. Le nom de la famille est la traduction légale de cette appartenance, mais le sentiment du nous, c'est aussi une solidarité, une mutualité, un échange naturel qui s'établit entre le moi et les membres de la famille. Le sentiment de la famille comprend également le sentiment de fierté de l'appartenance. Ensuite, nous avons le sentiment de sécurité. Pour les enfants, la famille c'est l'image de l'abri, associé aux images subconscientes du giron maternel et de la toute-puissance paternelle.

C'est le milieu protecteur qui s'interpose contre le monde étranger menaçant. Nous avons après, le sentiment du chez-nous. Ce n'est pas par hasard si les, premiers dessins des enfants, représentent une maison avec une cheminée qui fume. La famille, c'est le foyer, c'est la demeure. Le sentiment dû chez nous rayonne pour l'enfant, il irradie un désir familier qui se trouve lié au sentiment d'une présence tutélaire. La famille est-elle appelée à disparaître? L'évolution des moeurs, le libéralisme des contrats entre les personnes, peut craindre effectivement cette évolution négative de l'esprit de famille. La famille est issue d'un mariage et ce n'est pas qu'un contrat., car un contrat est adapté aux goûts des contractants. La famille ce n'est pas une simple traduction d'une passion. Le sentiment des conjoints doit tenir compte également du sentiment de la famille parce que nous sommes consubstantiels aux racines de cette famille.

N'oublions pas aussi de dire qu'il y a complémentarité naturelle entre les sexes pour fonder une famille. Avec la mère l'enfant apprend à aimer, avec le père, il apprend à vouloir. La famille c'est donc autre chose qu'un rassemblement arbitraire d'êtres. C'est une nature, une réalité centrée sur les enfants. Si on réfléchit bien sur son lien substantiel avec l'humanité, la famille en est le point d'insertion concret. Protégeons la famille c'est protéger l'humanité.